note de conjonture actu

La Note n°41 dresse pour l’année 2020 l’état des lieux de la situation économique des artisans. Évoluant depuis 2018 dans un contexte dégradé, confrontés au premier confinement dû à la crise sanitaire COVID-19, manquant de visibilité dans le cadre du 2ème référendum d’autodétermination, les chefs d’entreprise ont fait face à des circonstances exceptionnelles. Non sans impacts, en particulier pour le bâtiment…

Les entreprises ont subi le choc de la crise sanitaire.

Les 2/3 des artisans l’ont déclaré néfaste pour leur activité, en lien avec la baisse des transactions en volume. Le nombre d’artisans ayant moins travaillé en 2020 est historiquement élevé. Les deux principaux secteurs artisanaux, bâtiment et services, déclarent de moindres chiffres d’affaires. Le frein mis aux investissements est notable, avec un taux d’entreprises investisseuses atteignant son plus bas niveau.

Le repli d’activité a aussi eu des effets sur l’emploi. En 2020, les actifs du secteur, au nombre de 17 243, sont moins nombreux (-3,6%). L’effectif salarié est en berne (-10 % à fin septembre 2020) avec la perte de 690 personnels. Le taux d’employeurs diminue (13% soit -1 point par rapport à 2019). Le recrutement des alternants a également été impacté, avec 252 apprentis en formation l’an passé, soit -3,1%. La sous-traitance régresse encore et atteint le taux le plus faible jamais observé.

La dynamique de création d’entreprise s’essouffle : pour la première fois depuis près de 15 ans, moins de 1 800 nouvelles entreprises se sont immatriculées au Répertoire des métiers en 2020.

Malgré tout, le tissu artisanal de Nouvelle-Calédonie se maintient.

A souligner : la légère croissance du stock d’entreprises, avec une centaine de plus ayant exercé dans l’artisanat, et un nombre total d’établissements établi à 11 396 au 1er janvier 2021. Les radiations d’entreprises sont restées en 2020 très en deçà de leur moyenne de longue période, et ce en dépit des difficultés économiques.

L’alimentation est le secteur de l’artisanat qui s’en sort le mieux, enregistrant les hausses les plus importantes en nombre d’établissements (+8,8%) et en créations d’entreprises (+16,2%). Il est l’unique secteur à gagner des employeurs (+3,5%) et à préserver ses effectifs salariés en 2020.

Tous secteurs confondus, le chiffre d’affaires annuel moyen des artisans est indiqué en légère progression par rapport à 2019. Leur revenu mensuel moyen est resté identique aux deux précédentes années. Plus de 60 % des professionnels ont également réussi à stabiliser, voire améliorer, leur situation de trésorerie à l’issue de cette période particulièrement difficile.

Cette situation financière, maintenue en dépit des aléas économiques et politiques de 2020, peut s’expliquer par trois facteurs principaux :

  • L’attribution des aides Covid-19 spécialement débloquées a joué un rôle d’amortisseur certain. Près de 4 artisans sur 10 ont bénéficié de ces soutiens financiers pour leur entreprise. Les trésoreries comme les revenus s’en sont trouvés relativement préservés, outre le fait d’avoir contribué au maintien du pouvoir d’achat des Calédoniens, principale clientèle des artisans.
  • Manifeste en volume (nombre de clients, nombre de ventes), le repli d’activité est moins patent en valeur. Ainsi, tirés par la demande des particuliers, les montants de ventes réalisées dans le courant de l’année ont permis de limiter la casse sur les chiffres d’affaires. Ceux-ci se sont même très notablement améliorés pour les entreprises d’alimentation et de production, permettant aux professionnels de ces secteurs de se verser un revenu bien supérieur à celui de 2019.
  • Enfin, les actions personnelles des chefs d’entreprise ont été déterminantes. Installés depuis 2018 dans une morosité certaine, les artisans anticipent et jouent la prudence : investissements reportés et meilleur pilotage de la santé financière de l’entreprise comme en atteste la moindre fréquence des incidents de trésorerie constatée depuis 3 ans. La gestion est aussi plus rigoureuse : créances recouvrées, dépenses contenues, charges abaissées et développement d’activité annexes.

Le secteur artisanal du bâtiment en mutation

La construction est l’unique secteur à perdre des établissements en 2020, se trouvant avec un stock d’entreprises diminué. Représentant un poids désormais inférieur à 50%, un cap a été passé et sa place continue de se réduire au profit des trois autres secteurs. En termes d’effectifs salariés, 350 emplois ont disparu en cours d’année. Et si, pour l’artisanat dans son ensemble, les créations d’entreprises sont en recul de 1,3% comparé à 2019, cette baisse est largement tirée par le secteur du bâtiment, le seul à enregistrer un net repli des immatriculations : -12,4%. Outre le ralentissement économique et la crise sanitaire, la nouvelle réglementation relative au RCNC a incontestablement eu des conséquences.

Cette analyse démontre que l’artisanat dispose de capacités de résistance et d’adaptation éprouvées. Elle éclaire également les fragilités d’un secteur économique qui encourt aujourd’hui des risques face à l’onde de choc produite par le second confinement de 2021...